Nanarland est un site web créé en 2001 visant, comme l’annonce explicitement son nom, à parler des nanars ou, comme le précise leur slogan, « des mauvais films sympathiques ». Après onze Nuits Excentriques à la Cinémathèque Française, Nanarland s’est déplacé en 2016 au Grand Rex et continue de s’y dérouler aujourd’hui sous le nom de Nuit Nanarland. Nous avons d’ailleurs pu assister à la 7ème édition où quatre longs-métrages étaient présentés. Ce compte-rendu revient à la fois sur les quatre films, mais aussi sur l’ambiance, car on sait très bien que les films ne sont pas de haut niveau. Déjà, la salle est au rendez-vous, le plus grand cinéma d’Europe étant, étonnamment, le lieu idéal pour ce genre d’événement. Car, au-delà de l’écran, le Grand Rex peut contenir bien plus de 2 500 personnes, ce qui fait qu’avec une salle réactive, c’est génialissime à regarder. Car, pour la plupart des gens, découvrir un nanar seul chez soi n’est pas forcément une partie de plaisir (sauf peut-être pour les organisateurs de Nanarland et quelques ultimes fans), alors que sur grand écran avec une salle de cinéma qui réagit, rigole, qui applaudit ou même qui encourage les personnages, l’expérience est infiniment meilleure. Petit bémol, qui revient plutôt à quelques spectateurs, ceux qui font des blagues de la présentation à la fin du film juste pour épater la galerie alors que finalement c’est lourd tout du long. Comme d’habitude, on pouvait également découvrir des extraits de films et des bandes annonces d’époque, une expérience tout bonnement hilarante. Donc vraiment merci à Nanarland pour cet événement, voici désormais le petit compte-rendu des films, bien entendu tout en sachant qu’ils n’étaient pas là pour leurs qualités cinématographiques, mais bien pour faire rire ; les films ne seront donc logiquement pas notés.

Un début génial et inarrêtable

C’est avec Eaux Sauvages que démarre la nuit, un film à base de dialogues complètement inintéressants car surexplicatifs et servant de remplissage. La copie présentée était remasterisée, tout en conservant la VF de l’époque, ce qui donne un décalage assez étrange, avec un doublage sans entrain, pour un résultat plutôt drôle à regarder même si assez lassant. Au-delà des fondus au noir constants, des meurtres sans budget et des réactions de personnages qui s’ensuivent tout aussi imbéciles (d’ailleurs le point le plus drôle du film), reste une photographie « à sauver », tellement elle semble basique par rapport au reste du film. La soirée s’est poursuivie avec ce qui constitue certainement le film le plus énergique de la nuit, le seul qui était en VOSTF : Cara Majaka (aussi connu sous le nom de Kutti Pisasu) de Rama Narayanan. Avec son récit extrêmement foutraque mélangeant film de vengeance kitsch à l’indienne et temporalités diffuses, le métrage est franchement efficace et énergique avec notamment un casting en surjeu au total ou encore des CGI hilarants, notamment une voiture qui plagie Transformers et qui, croyez-le ou non, est l’un des personnages principaux de ce scénario inexplicable. On peut aussi noter les clips intégrés au scénario dont l’énergie inépuisable nous entraîne, même si tout le public n’a pas forcément été réactif sur ce coup-là.

Le grand(iose) n’importe quoi

Comme l’a précisé Jean-François Rauger, directeur de la programmation à la Cinémathèque Française, qui présentait chaque film, Parole De Flic était sans équivoque le climax de la nuit malgré la fatigue qui commençait à poindre chez les spectateurs. Probablement le métrage qui s’apparente le moins au nanar, Parole De Flic en garde tout de même certains attraits avec des meurtres parfois vraiment mal faits, une ou deux séquences assez involontairement drôles, mais surtout la suriconisation d’Alain Delon, tout bonnement génial dans le rôle principal dans un surjeu démentiel. Énergique, même si moins que Cara Majaka, le film nous emporte totalement dans son action à la française pas forcément toujours aboutie. C’est peut-être le métrage qui avait le moins sa place lors de la Nuit Nanarland, mais il n’en reste pas moins incroyable.

Et l’on terminait, à l’heure où tout le monde était fatigué mais tout de même réactifs, avec House Of The Dead de Uwe Boll. Au-delà du fait qu’il n’y a aucune tension, aucun personnage bien écrit et aucun contexte, je ne saurais quoi dire de plus. Peut-être le film le moins marrant à regarder et sur lequel j’aurai le moins de choses à dire, la fatigue jouant certainement. Et voilà, donc des films assez kitsch et infernaux au programme mais qui, avec un public dynamique, devient un marathon marquant et hilarant. On espère pouvoir participer l’année prochaine, le 28 septembre 2024, tellement l’expérience fût plaisante.

EAUX SAUVAGES (Savage Water). De Paul Kiener (USA – 1979).
Genre : Drame, Horreur, Aventure. Scénario : Kipp Boden. Directeur de la photographie : Paul Kiener. Interprétation : Gil Van Waggoner, Ron Berger, Bridget Agnew, Clayton King, Mike Wackor… Musique : Doug Warr. Durée : 99 minutes. Découvert à la Nuit Nanarland 2023, sorti uniquement en VHS en France.

CARA MAJAKA. De Rama Narayanan (Inde – 2010).
Genre : Fantastique, Action. Scénario : Rama Narayanan. Directeur de la photographie : K.S. Selvaraj. Interprétation : Baby Geethika, Sangeeta, Ramya Krishnan, Nassar, Livingston, Manobala,.. Musique : Deva. Durée : 131 minutes. Découvert à la Nuit Nanarland 2023, jamais sorti en France.

PAROLE DE FLIC. De José Pinheiro (France – 1985).
Genre : Action, Policier. Scénario : José Pinheiro, Alain Delon, Philippe Setbon, Frédéric Fajardie. Directeur de la photographie : Jean-Jacques Tarbès. Interprétation : Alain Delon, Jacques Perrin, Fiona Gélin, Éva Darlan, Jean-François Stévenin, Vincent Lindon… Musique : Pino Marchese. Durée : 93 minutes. Découvert à la Nuit Nanarland 2023, disponible en VOD/DVD.

HOUSE OF THE DEAD. De Uwe Boll (USA – 2003).
Genre : Action, Horreur. Scénario : Mark A. Altman, Dave Parker. Directeur de la photographie : Mathias Neumann. Interprétation : Jonathan Cherry, Tyron Leitso, Clint Howard, Ona Grauer, Sonya Salomaa… Musique : Reinhard Besser. Durée : 90 minutes. Découvert à la Nuit Nanarland 2023, disponible en VOD/DVD.

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