TOP/FLOP de l’année 2016 (2/5)
Allô peuple des salles obscures aux relents de pop-corn et de moiteur invisible, ici Strapontinconnu pour vous servir son oraison ciné au crépuscule de 2016, « This is the end ! » Au programme, un TOP 5, un PÔ MAL 5, un FLOP 5 et un inclassable pour mieux terminer sur un sourire cette balade cinématographique 2016…
Mes TOP 2016 par Strapontinconnu
- PREMIER CONTACT de Denis Villeneuve
Mon chouchou qui confirme années après années, l’air de ne pas y toucher, prend un genre comme base à chaque fois et le sublime en le redéfinissant à travers d’autres genres. Il incorpore de la tension, du flou, du mystique, du drame et de la mise en image « putain ! », que ce soit avec le thriller Prisoners, le fantastique Enemy ou le polar Sicario, M. Denis Villeneuve s’attaque cette fois-ci à la science-fiction. Je t’aime mec ! Evidemment sous influence, on retrouve une touche de Spielberg, Ridley Scott, Kubrick et David Lynch. Mais le fan qu’il est sait s’en démarquer, l’ambiance à travers la photo et le rythme du montage nonchalant lui appartiennent complètement. Moins convaincu par la construction narrative du dernier tiers du film, à la sortie de projection je reste sur la note positive d’avoir vu du vrai cinoche et ne me vois pas être plus exigeant dans un classement 2016 de film de genre, pour le film culte, on repassera. Je pense déjà à son prochain Blade Runner et tout le potentiel de ce Padawan devenu Jedi qui aspire au rang de Maître dans quelques années peut-être…
- COMANCHERIA de David Mackenzie
Inconnu au bataillon pour moi, ce réalisateur et son polar sont la très bonne surprise 2016. Jeff Bridges qui pourrait être sorti de Fargo ou d’un film des frères Coen est magnifique en vieux Ranger râleur très lucide au crépuscule de sa vie. Ce film de braquages qui tourne autour de deux frères en quête de rédemption est beaucoup plus profond qu’il laisse supposer. L’ambiance moite de l’Amérique profonde combinée à un faux rythme et ces plans rapprochés sur des corps suffocants dans tous les sens du terme nous font retenir notre respiration. On pense à du Samuel Fuller et du Eastwood dans ses premières armes. Le scénario est excellent, il serait dommage de vous le dévoiler, séance de rattrapage fortement conseillée.
- DON’T BREATHE de Fede Alvarez
Quelle connerie ce sous-titre français « La Maison des Ténèbres » ! Dans une trame mince comme une feuille de cigarette, Alvarez relève le gant d’un « slasher movie » réussi où se mêlent horreur, angoisse, huis-clos et étouffement des protagonistes comme du spectateur à bon escient. Ces jeunes paumés dans une société qui semble les avoir mis à la marge se mettent en tête de voler un aveugle chez lui. Bien mal acquis ne profite jamais sauf au spectateur en quête de frissons et de transgressions. Dans un genre limité où le réalisateur ne s’attarde pas sur la psychologie des personnages pour mieux insuffler du rythme et du suspense, son pari est réussi, sans révolutionner. Il utilise les bons vieux codes du hors-champ, du vu/pas vu et une musique au couteau. Qu’il est bon de frémir dans son strapontin !
- DERNIER TRAIN POUR BUSAN de Sang-HO Yeon
On continue dans le genre avec un film de zombies kiffant, j’ai adoré ce rythme tectonique d’attaques de hordes de zombies, un choix de mise en scène moderne et assumé avec les technologies d’aujourd’hui qui contaminent l’essence de l’être humain. Un père et sa fille doivent survivre au virus mortel qui décime la population autour d’eux et apprennent enfin à se connaître au fil du danger dans ce périple ferroviaire où Sok-woo ne peut plus se cacher en tant que père. Ce que j’aime dans les films coréens, malgré la pire tension, gravité du sujet ou simplement l’horreur du quotidien, le réalisateur arrive toujours à insuffler une dose d’humour sous-jacente dans son récit qui permet de respirer. Le scénario suit une trame classique de « Survival movie », mais autant l’humour est bienvenu, autant le traitement des scènes dramatiques, d’émotions lacrymales suite à la perte de l’être cher sont à chier dans le montage. Sang-Ho Yeon comme bien d’autres ne
sait pas être moderne ou novateur dans ce domaine et abuse de ralentis et de musique classique insipide qui alourdit son discours. Dommage, mais à la sortie, je reste sur un sourire de zombies virulents possédés par le rythme et une énergie insoupçonnable.
- ROGUE ONE : A STAR WARS STORY de Gareth Edwards
Il y a débat dans ma tête, ce film aurait pu se retrouver dans le classement suivant mais c’est le fan vintage de la S.F. du siècle précédent qui a pris le dessus. Ce sera toujours un plaisir indéfinissable de s’asseoir dans une salle et à la coupure des lumières d’assister à l’introduction Star Wars en Dolby. Ce film est clairement conçu pour les fans de la première heure afin de mieux coller au Nouvel espoir qui suit. Les personnages et l’atmosphère plus sombres sont bien plus proches de L’Empire contre-attaque que du Réveil de la Force. Pourtant, le démarrage du film n’est clairement pas brillant, pas d’idées dans l’installation de l’intrigue, mais une succession de scènes très courtes qui nous perd dans la galaxie et nous laisse peu de temps pour cerner les protagonistes. Passé ce défaut propre à toute la saga de Georges Lucas qui n’a jamais brillé dans sa construction narrative, on retrouve cette ambiance de film rétro d’une série B sous forme de « road movie » galactique. Gareth Edwards a voulu respecter les codes, il a fait le job d’un film pop-culture, son casting est très bon, il n’abuse pas des effets spéciaux mais il manque
un brin de folie à l’ensemble pour crier à la victoire au final, est-ce possible avec un tel cahier des charges aux grandes oreilles ?
Le concept du « PÔ MAL » par Strapontinconnu
C’est un nouveau concept de classement de films où j’ai apprécié l’intention, des scènes très réussies, mais l’ensemble ne m’a pas convaincu pour intégrer mon TOP 2016.
- MISS PEREGRINE ET LES ENFANTS PARTICULIERS de Tim Burton
Je n’ai pas vu un Tim Burton plaisant depuis des années, les scènes sous-marines et la bataille entre monstres numériques et squelettes sortis de Jason et les Argonautes m’ont rappelé que j’adorais ce réalisateur. L’ensemble reste inégal et sous-exploiter à ce point Eva Green dans un film est un crime !
- MADEMOISELLE de Park Chan-Wook
Ce film est brillant dans sa mise en scène mais le sujet classique d’un jeu de dupes au sein d’une romance ne m’a pas emporté, le cœur a sa raison… SubsisteNT des scènes érotiques très fortes où le charme de la culture asiatique fait mouche.
- LES ANIMAUX FANTASTIQUES de David Yates
Typiquement le film que j’adore voir en période de fêtes avec une âme d’enfant. L’univers magique d’Harry Potter au cinéma? cela reste sympathique et il y a plus d’humour et de fantaisie dans ce bestiaire numérique au filon inépuisable. La guimauve amoureuse est plus indigeste toutefois, à rejuger dans son ensemble lors d’une seconde vision.
- CONJURING 2 : LE CAS ENFIELD de James Wan
Le problème des suites quand on a beaucoup aimé le premier opus, il n’y a plus l’installation des protagonistes, on attend plus de frissons, d’idées et on est déçu de l’ensemble. Pourtant, la petite fille choisie pour être possédée est exceptionnelle et cette scène du tableau diablement marquante par son sens du cadre. Reste l’impression d’un final bâclé qui me laisse un goût amer de « peut mieux faire… »
- 10 CLOVERFIELD LANE de Dan Trachtenberg
En terme de huis-clos, genre que j’adore, le film se retrouve comparé à Don’t breathe et se situe un ton en dessous dans la mise en scène, malgré le Dieu John Goodman. Le film tient ses promesses une heure et la fin tourne au ridicule dans le ton employé et le basculement de genre. Ca pique !
Mes FLOP 2016 par Strapontinconnu
Alors là, comme chaque année, je fais preuve de faiblesse en allant voir des films dont je sais pertinemment qu’ils ne sont pas bons, mais j’ai l’optimiste prétention de croire y déceler des qualités au final, mais non ! Quand le pognon écrase à un tel point toute velléité artistique, c’est du génie de la part des studios ! Par respect pour leurs familles, je ne citerai pas les réalisateurs (NDLR. mais moi je le cite, il faut que le monde sâche !)
- JASON BOURNE de Paul Greengrass
3e ou 4e opus… on ne sait plus tellement c’est un copier/coller, consternant !
- LES SEPT MERCENAIRES d’Antoine Fuqua
Et si on faisait de l’oseille avec Denzel Washington ? On prend quoi ? Sherlock, Les mousquetaires ou un western comme Tarantino, c’est à la mode, non ? Cet acteur mérite tellement mieux, sniff !
- INFERNO de Ron Howard
Les pontes d’Hollywood pourrait dire l’enfer c’est les autres, il devrait se regarder plus souvent dans un écran. « Anges et Démons » en mauvais streaming était plus regardable, c’est dire !
- BRICE 3 de James Huth
C’est tellement mauvais que dans 20 ans, je pense que ce sera culte !
- S.O.S. FANTÔMES de Paul Feig
Au secours, Daniel Balavoine, je suis en détresse ! Les filles sont amusantes mais cela ne fait pas un film, hein Brice ! Et le ponpon, ils ont égratigné mon image de Bill Murray qui à chaque apparition cinématographique éphémère est une madeleine et là, le plat total, parti comme il est venu !
SURPRISE : Un petit seizième pour clôturer 2016, mon inclassable en film de genre, mon coup de cœur de la simplicité qui montre à Hollywood qu’avec des idées, un savoir-faire et de l’intention, pas besoin d’autant de pognon pour créer de l’émotion, du sentiment, de la poésie et du sens à nos vies : LA TORTUE ROUGE de Michael Dudok de Wit
Bonne année ciné les passionnés !
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