[Be Kind Rewind] CÉRÉMONIE MORTELLE d’Howard Avedis (1983)
L’Amie mortelle

Série B horrifique solidement ancrée dans les années 80, Cérémonie mortelle d’Howard Avedis est une vraie petite friandise issue de la longue lignée des slashers ayant fait les beaux jours des rayonnages des vidéo-clubs. Dans la carrière assez peu célébrée d’Howard Avedis (pseudonyme du réalisateur d’origine irakienne Hikmet Labib Avedis), Cérémonie mortelle (alias Mortuary en VO) pourrait faire office de tête de gondole. Le film est sorti en 1983, au moment où le slasher commence à décliner qualitativement parlant face à une surreprésentation du genre sur les écrans. Ici, un mystérieux tueur sévit autour d’une jeune fille dont le père a été assassiné. Avec son petit ami, elle tente de convaincre son entourage qu’il ne s’agit pas d’un accident, mais se heurte au scepticisme de sa mère, aux manières un peu gauche d’un prétendant amoureux, fils d’un gérant de pompes funèbres aux étranges activités. Peu habitué au cinéma d’horreur, Howard Avedis n’en demeure pas moins un solide artisan, qui a œuvré sur des séries B et thrillers sexys. Mais qui dit artisan, ne dit pas nécessairement sans ambition. Et Avedis connaît son job et le cahier des charges du slasher, mais il ambitionne d’y appliquer sa patte, en rédigeant le scénario avec sa compagne Marlène Schmidt. Bien lui en prend, car s’il n’invente rien de transcendant, Cérémonie mortelle sait par moments se démarquer des slashers lambdas, en y greffant des éléments qui apportent une coloration toute particulière au film.


Petit théâtre de l’horreur
Vendu comme un film de zombies qu’il n’est jamais (voir l’affiche pour s’en convaincre), Cérémonie mortelle reste un slasher avec ses passages obligés, une inspiration qui convoque notamment le Halloween de Carpenter, maître-étalon du genre, en repiquant sa banlieue pavillonnaire et son assassin en caméra subjective. Pourtant, il enrichit la traditionnelle succession de meurtres par l’ajout de scènes qui dénotent avec l’ensemble, comme ces improbables rites sataniques, assez peu déterminants pour le déroulé de l’intrigue il faut bien le reconnaître, mais qui participent à l’atmosphère particulière du film. Une ambiance aux accents surnaturels, sans jamais réellement basculer vers le fantastique pur et dur. Le réalisateur a eu également la bonne idée de faire de son tueur une sorte d’ange de la mort démoniaque, doté d’un visage blafard, encapuchonné dans une cape noire (qui anticipe le Ghostface de Scream), et de l’armer d’une pique transperçant les corps assez originale. Même si Cérémonie mortelle ne provoque pas de frissons mémorables, Howard Avedis emballe quelques scènes bien tendues, quoique jamais au niveau d’un Scream qui lui doit beaucoup. S’il déploie une mise en scène assez classique, le cinéaste sait également la rendre plus ample quand il le faut, dans des plans séquences terriblement efficaces. Le film se permet même l’audace de court-circuiter son élément de whodunit à l’entame de sa dernière bobine, révélant tôt l’identité du tueur et offrant ainsi un ultime acte qui s’achève dans une scène audacieuse et très réussie, où le meurtrier met littéralement en scène un petit théâtre de l’horreur Avec son casting issu des productions télévisées de l’époque, de jeunes comédiens plus ou moins affirmés mais déjà bien connus des téléspectateurs américains : Mary Beth McDonough (Hôpital central, La Croisière s’amuse) et David Wysocki (Arnold et Willy), Lynda Day George (Mission Impossible) et Christopher George (L’Immortel), couple à la ville et réunis dans le savoureux Sadique à la tronçonneuse de Juan Piquer Simon, et la présence déjà magnétique d’un Bill Paxton tout jeunot, Cérémonie mortelle est un slasher qui est loin de démériter. Un film de genre qui sent bon les années 80 (le disco roller est de la partie), plus surprenant qu’il en a l’air, qui plus est doté d’un très beau score signé John Cacavas (Terreur dans le Shanghaï Express et un gros paquet de séries télévisées), et particulièrement recommandable pour les aficionados du genre.
CÉRÉMONIE MORTELLE (Mortuary). D’Howard Avedis (USA – 1983).
Genre : Horreur. Scénario : Howard Avedis et Marlene Schmidt. Interprétation : Mary Beth McDonough, David Wysocki, Bill Paxton, Lynda Day George, Christopher George, Curt Ayers… Musique : John Cacavas. Durée : 93 minutes. Distribué en vidéo par Rimini Films (21 octobre 2022).
L’édition Blu-ray de Rimini Films

TECHNIQUE. C’est une très belle copie que propose Rimini pour cette édition, qui s’appuie sur un master haute définition et un travail de restauration de grande qualité. Même si certains petits défauts subsistent à l’écran, l’image dispose d’un rendu pellicule cinéma qui fait frétiller, avec de très belles couleurs et une définition assez remarquable. Certains plans de nuit mettent particulièrement en valeur le travail remarquable effectué sur la lumière. Le caractère vaporeux de certains plans (notamment l’introduction) est du meilleur effet, et évoque certains films de De Palma ainsi que le Trauma de Dan Curtis. Seul bémol, quelques problèmes de contraste et de définition interviennent sur des plans de coupe sombres (notamment certains assauts du tueur). La piste en version originale et le doublage français sont présentés dans un DTS-HD Master Audio 2.0 très percutant. Si la version française, assez médiocre en qualité de doublage, affiche des dialogues un peu plus percutants que la piste anglaise, cette dernière reste néanmoins plus équilibrée et bien meilleure.
INTERACTIVITE. En dehors de la bande-annonce du film et du traditionnel livret de 20 pages rédigé par le journaliste de Mad Movies, Marc Toullec, cette édition propose le supplément “Secrets d’embaumement”, une présentation du film, du réalisateur et des comédiens par le journaliste de L’Ecran Fantastique, Gilles Penso. Celui-ci évoque également quelques thématiques très pertinentes développées dans le film (le complexe d’oedipe notamment), ainsi qu’une poignée d’anecdotes plutôt bien senties (le rapport à Scoubidou et la révélation du trailer avec Michael Berryman). Un module informatif très complet et rendu passionnant par la qualité de l’intervention de Gilles Penso.
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