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0755233Qu’elle est loin l’époque durant laquelle Antonio Banderas était un acteur bankable figurant sur la “A liste” des majors hollywoodiens. L’époque du Masque de Zorro (Martin Campbell, 1998) et autre 13e Guerrier (John McTiernan, 1999) semble un lointain souvenir. Aujourd’hui âgé de 57 ans, Banderas cherche un second souffle, et se retrouve cantonné à des séries B d’action relativement obscures. Et il enchaîne le bougre. Rien qu’en 2017, l’ex-comédien fétiche d’Almodovar se retrouve ainsi à l’affiche d’Acts of Vengeance d’Isaac Florentine, Gun Shy de Simon West ou encore de Security qui nous intéresse plus particulièrement ici.
Réalisé par le cinéaste québécois Alain Desrochers (Nitro, 2007 ; Bon cop Bad cop, 2016), Security suit la triste réinsertion d’un vétéran des forces spéciales américaines, qui, de retour au pays, peine à trouver un emploi. Une offre de vigile dans un centre commercial semble le tirer d’un mauvais pas. Mais dès sa première nuit, il se retrouve confronté à un groupe de mercenaires traquant une jeune fille… Pourquoi faire appel à un minimum d’originalité scénaristique quand un concept aussi fort que celui de Die Hard nous ouvre les bras. C’est de toute évidence ce que ce sont dit les producteurs de Security. Près de trente ans après le chef d’oeuvre de John McTiernan, à quelques encablures de ses suites plus ou moins honteuses et de sa pelletée de rejetons dégénérés, Piège de Cristal continue de faire des émules. Pourquoi pas, serait-on tenté de dire, si la qualité est là… Ce qui est évidemment loin d’être le cas…

SECURITY d'Alain Desrochers

Assaut au rayon maroquinerie

Passé une introduction plutôt soignée, montrant Banderas dans sa délicate quête de réinsertion sociale, et alors que l’on se dit qu’un sous-texte social pourrait servir de toile de fond à l’intrigue, Security entre dans le vif du sujet avec la violente et brutale attaque d’un convoi acheminant une jeune témoin. Une entame de film réalisée avec panache, avec un certain sens du rythme et du cadre. De bon augure pour la suite… Mais la bonne impression initiale commence à se gâter dès lors que Banderas franchit les portes du centre commercial… Passe encore qu’on nous expose par le détail l’environnement du centre en question pour d’évidentes raisons d’utilité scénaristique et de repères pour la suite, mais la présentation de l’équipe de veilleurs de nuits est un premier coup de semonce. Caricaturaux au possible, les quatre agents sont des archétypes sur pattes. Mention spéciale à Liam McIntyre (Spartacus, La légende d’Hercule), d’abord tête à claques, qui se mue en héros défenseur de la veuve et (surtout) de l’orpheline. Le film part dès lors en free-style complet dès que l’adolescente et recueillie et que le gang de mercenaires surarmés tente d’investir les lieux, avec à sa tête, un Ben Kingsley tout en décontraction venant cachetonner joyeusement. Bien décidés à protéger l’ado, nos veilleurs en carton (et sans arme) mettent alors en place un vaste plan destiné à les protéger de l’invasion ennemie en utilisant tout ce qu’ils peuvent trouver dans les boutiques du centre commercial : drones, véhicules radiocommandés, explosifs (très) artisanaux…

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Une carrière à la Nicolas Cage ?

Filmé dans un lieu unique, avec une temporalité réduite (une nuit) : Security a tout du film de siège pour les nuls ! Le tout est emballé de manière pas trop honteuse, avec même suffisamment de savoir-faire pour délivrer des scènes d’action solides, d’une lisibilité appréciable, et des chorégraphies sans grande ampleur mais suffisantes pour créer un semblant de rythme. Mais la frontière entre délire régressif assumé et complaisance too much étant ténue, le film se vautre rapidement dans le ridicule le plus total. En atteste ce simili ninja qui grimpe aux murs aussi naturellement qu’il grimace, ou à ces poses “à la John Wick” dans lesquelles Banderas glisse au sol pour dessouder les méchants…
Motivations bas de plafond des personnages, naïveté (débilité ?) du propos, interprétation à l’emporte-pièce, tout Security finit par se vautrer dans une forme d’amateurisme scénaristique provoquant le bâillement poli du spectateur. Heureusement que les scènes d’action sont correctes. Et le cas Banderas là dedans ? Antonio fait le job, avec suffisamment d’implication pour faire illusion. Reste à voir si l’acteur poursuivra dans cette voie du DTV bien bourrin à la Nicolas Cage ou s’il parviendra avec des projets plus consistants à s’extirper de cette ornière artistique dans laquelle il semble s’être perdu…


SECURITY
Alain Desrochers (USA – 2017)

Note : 1.5Genre Action – Interprétation Antonio Banders, Ben Kingsley, Gabriella Wright, Chad Lindberg, Liam McIntyre… – Musique FM Lesieur – Durée 91 minutes. Disponible en blu-ray chez Metropolitan (17 octobre 2017).

L’histoire : Un vétéran des forces spéciales, Eddie, accepte un poste de vigile dans le centre commercial d’un quartier isolé de la ville. Durant sa première nuit de travail, il ouvre les portes à une jeune fille muette de peur venue se réfugier dans le seul bâtiment des environs. Un homme élégant et raffiné, comme venu de nulle part, se présente alors et offre un million de dollars en échange de l’adolescente. Eddie refuse, les lignes téléphoniques sont alors immédiatement brouillées, l’électricité coupée et un groupe de mercenaires encercle le centre commercial, prêt à donner l’assaut. La nuit va être longue.

3 réponses à « [Critique] SECURITY d’Alain Desrochers »

  1. Banderas est génialissime dans La Piel que habito (et Les amants passagers)… je ne désespère pas de le revoir briller chez Almodovar à l’avenir.
    Il a aussi fait de bons choix de films de genre en tournant Automata, Piégée ou Machete kills et a eu la chance de tourner avec quelques cinéastes « de luxe » tels que Malick, Hudson ou Radford… dans des films que je n’ai pas vu.
    Pour ma part, j’ai quelques espoir en Bullet head de Paul Solet en 2018 malgré le casting assez ringard…

    Quand à Cage, dans la déferlante de nanards, de temps à autres une série B sympathique voir intéressante émerge…
    J’ai adoré Kick ass, beaucoup aimé Le Casse et Dog eat dog et surtout La Sentinelle de Schrader ne sont pas honteux.
    Et puis il vient de tourner avec Abel Ferrara aux cotés d’Isabelle Huppert et Willem Dafoe… pas dégueu !
    Et en prime, Joe de David Gordon Green démontrait encore, si besoin était que Cage est un immense acteur !!!

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  2. Complètement d’accord sur Banderas, dont la qualité de jeu et les choix de carrière ne sont pas assez mentionnés… J’espère qu’il continuera à tourner avec des cinéastes de premier plan, et qu’il n’ira pas s’enterrer dans les DTV obscurs…
    Quant à Cage, j’ai toujours été un grand fan du bonhomme, dont la filmo parle pour lui ! J’ajouterai dans ses films marquants des dernières années, Bad Lieutenant d’Herzog… Quand même !

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  3. Que je n’ai toujours pas vu, honte sur moi… malgré le fait que j’ai le blu ray à la maison !

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