TOP/FLOP de l’année 2017 (4/6)
2017 : Année Vintage en Forfait 4G
GRAVE de Julia Ducournau
Il est rare de citer un film français dans les coups de cœur du bilan de fin d’année, c’est pourquoi honneur aux femmes françaises avec Grave (gore et sociétal) de Julia Ducournau et sa comédienne Garance Marillier qui ont bousculé les codes d’un film de genre transgressif où le cannibalisme côtoie une atmosphère fantastique et réaliste à la fois dans une société actuelle où les brebis ont peu de chance de survivre aux loups si elles ne muent pas à leur tour (dans ses inspirations on retrouve du Claire Denis, du David Lynch et du Cronenberg pour ne citer qu’eux). Une cinéaste à suivre impérativement dans cette dure France.
GET OUT de Jordan Peele
En restant dans un film au budget raisonnable de l’autre côté de l’Atlantique, j’ai
évidemment adoré l’atmosphère et le fond dans Get Out (angoisse et farce) de Jordan Peele. Un film qui résonne énormément dès que Trump ouvre la bouche ! Comme dans le film précédent, nous sommes dans une crise d’identité où le protagoniste cherche sa place dans un monde impitoyable qui tend à ne pas laisser l’opportunité de se réaliser aux caractères faibles. Cet afro-américain face à une société puritaine doit gagner sa liberté et se libérer de ses peurs. Au travers de ses convictions légitimes, il garde une certaine décontraction de façade où transpire un humour malin et critique qui passe sous les radars d’une censure probable sous cette présidence américaine.
GOOD TIME de Ben et Joshua Safdie
Ce mal-être identitaire prend une forme plus sombre et réaliste chez les frères Safdie avec Good Time (polar et fatalité) dont le sujet traite justement de deux frères, chacun étant un handicap pour l’autre, qui rentrent dans une spirale vénéneuse après un braquage qui a mal tourné. Une longue nuit d’embrouilles et de rencontres dans les quartiers pauvres de New York nous renvoient à un de mes films de chevet dans l’univers du hui-clos, After Hours de Martin Scorsese. Un hui-clos par le temps et non par l’espace, la claustrophobie s’exprime dans le prisme d’un sablier et une simple nuit de tous les dangers. La mise en scène est étonnante pour de jeunes réalisateurs, les
premières minutes se passent au plus près des corps des frangins et petit à petit, la caméra filme l’anti-héros Robert Pattinson (excellent à la fois dans sa médiocrité et sa détermination) se déliter dans le cadre d’une ville qui le réduit au fil des heures à l’insignifiance, au moyen de plongées éloignées et d’une musique électro aliénante qui semble vouloir sa peau. Le scénario est moins habile sur la fin mais l’atmosphère générale l’emporte pour savourer un bon moment de cinoche dans les méandres nocturnes d’une grande ville inégalitaire aux odeurs de Cassavetes, Lumet et Scorsese.
A GHOST STORY de David Lowery
A des années lunaires, j’ai été marqué cette année par A Ghost Story (fantastique et mélo) de David Lowery. Revenir à l’essence même de l’imaginaire du fantôme et son simple drap blanc était une bonne idée. Le profond Casey Affleck est impeccable dans l’amour comme dans la mort. Après son décès, il reste bloqué dans sa maison auprès de sa moitié. Il traverse le temps et sa mémoire en assistant, impuissant, au chagrin de la femme qu’il aime puis sa fuite en avant. Des choix de mise en scène forts qui marquent le spectateur comme un long plan-séquence d’une tarte dévorée par sa tendre jusqu’à nous faire partager sa nausée. Un film atypique minimaliste qui ne peut pas laisser indifférent dans le paysage cinématographique actuel.
WIND RIVER de Taylor Sheridan
Pour terminer mon top 2017 de films aux ambitions modestes mais sérieuses, je citerai Wind River (thriller et drame glaciaire) de Taylor Sheridan. Un pisteur traumatisé par la mort de sa fille, il vit dans une réserve indienne du Wyoming aux étendues désertiques et glaciales, il trouve le corps d’une jeune fille et replonge dans ses démons en aidant une jeune recrue du FBI à résoudre l’enquête. Jeremy Renner dans la sobriété, la retenue, au sang-froid extrême est étonnant et porte le film dans nombre de scènes où le non-dit est éloquent. La mise en scène est juste, le Wyoming immense, sauvage et enneigé apporte une valeur ajoutée à la mise en scène juste de Sheridan qui utilise ce décor naturel comme une meurtrissure qui ne peut se refermer et affecte ses habitants jusque dans leurs tripes. Du cinéma âpre et touchant sans pathos inutile, on pense aux films de Don Siegel et son Dirty Harry, une réussite.
Hors forfait
Il y a 5 autres films qui m’ont plu cette année en pêle-mêle. La S-F à l’honneur prend une dimension supplémentaire en salle et en dolby surround !
– Blade Runner 2049 du Boss Denis Villeneuve dont je verrai tous les films avec délectation et pour la musique d’Hans Zimmer hallucinogène !
– Logan de James Mangold, son meilleur film depuis Copland (1997), il était temps ! Et pour moi le seul film à conserver de la saga X-Men, la violence sauvage et frénétique est délicieusement bien vue.
– Ҫa d’Andres Muschietti, un plaisir de voir du Stephen King bien adapté mais j’attends la suite avant de juger complètement…
– Coco de Lee Unkrich et Adrian Molina, le dernier Pixar visuellement magnifique et un sujet qui m’a touché en plein cœur.
– Star Wars : Les Derniers Jedi de Rian Johnson, il bouscule la Force, les vieux codes et s’amuse. Rien que pour les 30 premières secondes en salle, j’y retournerai d’année en année, pour l’éternité…
Hors délais
Pour conclure, l’année 2017 était tellement prolifique que j’ai manqué le rendez-vous avec nombre de grands cinéastes que j’ai hâte de découvrir en vidéo en 2018 :
– James Gray et son Lost City of Z
– Christopher Nolan et son Dunkerque
– Kathryn Bigelow et son Detroit
– Darren Aronofsky et son Mother
– Bong Joon-ho et son Okja
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