[Actus] PIFFF 2022 : Notre bilan, partiel et donc subjectif, mais incontournable de la 11e édition
En plein dans le PIFFF !

Nous étions de passage quelques jours à l’occasion de la 11e édition du Paris International Fantastic Film Festival (du vendredi 9 au dimanche 11 décembre pour être précis). Une présence partielle qui ne permet pas de délivrer un compte-rendu précis et exhaustif de l’ensemble des films de la programmation de cette année, mais qui nous ouvre la possibilité d’exprimer notre point de vue sur les quelques œuvres découvertes durant notre courte (mais intense) escapade.
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Coups de cœur
Parmi les coups de cœur de la rédaction, deux films se détachent et figurent tous les deux au sein de la compétition longs-métrages. Il s’agit de CANDY LAND de John Swab, présenté en avant-première française lors du festival. Et inutile de dire qu’on souhaiterait ardemment une belle exposition France pour ce film. On y suit un groupe de prostitués squattant les alentours d’une station-service/motel. Chronique d’une sorte de famille recomposée dansune approche assez brute entre Greg Arraki et Larry Clark, qui entremêle un récit horrifique multipliant les cadavres, avec une réflexion sur le fanatisme religieux. Le réalisateur y déploie un cinéma avec une vraie et forte personnalité, difficilement saisissable dans son déroulé, n’hésitant pas à taper fort dans la transgression. Il vient ainsi se ranger gentiment aux côtés de X de Ti West, au rayon (in)confortable d’un courant (?) actuel marqué par le retour à un cinéma transgressif et contestataire qui rappelle les plus belles heures des productions des 70’s.

L’autre belle surprise (mais en est-ce réellement une ?) est la découverte en compétition de EARWIG, nouveau film de la réalisatrice française Lucile Hadzihalilovic. Une œuvre puissante et au pouvoir d’évocation assez démentiel, mais qui affiche la particularité, comme l’ensemble des films de la cinéaste, de diviser le public du PIFFF. Dans un style posé, admirablement cadré et éclairé, EARWIG est une fable gothique sensible, qui évoque avec subtilité le thème du vampirisme, doublé d’une expérience sensorielle puissante autour d’une jeune fille aux dents de glace. C’est incontestablement (et dans la limite des films que nous avons pu voir lors de cette édition) notre coup de cœur, qui a été partagé par le jury des lecteurs de Mad Movies qui lui ont accordé leur prix. Des gens de goût, assurément.
On relève également de notre séjour au Max Linder Panorama, l’OVNI japonais ELECTRIC DRAGON 80.000 V de Gakuryû Ishii, film de 2001 présenté dans le cadre des « Séances cultes ». Un véritable morceau de cinéma condensé (55 minutes) gorgé de rage punk/rock/comics qui décrasse, évoquant le cinéma de Shinya Tsukamoto (même si ce-dernier s’est lui aussi inspiré des films d’Ishii), et qui met Marvel à l’amende tous les jours en termes d’iconisation.

Quand Neil brasse THE LAIR…
Rayon déceptions (mais en est-ce bien une…?), Neil Marshall continue de creuser dans les bas-fonds de la cinématographie bas de gamme et a, semble-t-il, touché le fond du Z dans le désert afghan avec son THE LAIR absolument cataclysmique (fort pertinemment présenté dans la séance « interdite »). Le réalisateur de THE DESCENT avait donné de sérieux signes de faiblesse avec un SORCIERE – CINQ JOURS EN ENFER de triste mémoire. Mais il semble que son association avec sa compagne/muse Charlotte Kirk, omniprésente dans tous les rouages du film : au scénario, à la production et à la (douloureuse) interprétation, tire le cinéaste irrémédiablement vers le bas. Grosse baston entre marines et bestioles tout droit sorties d’un Resident Evil, THE LAIR est digne d’un DTV bas de gamme, sans inspiration et fleurant l’amateurisme. Une catastrophe à tous les étages. Neil Marshall, perdu pour la cause ? On serait tenté de dire oui…

Toujours en compétition, FIXATION de Mercedes Bryce Morgan est encore un film qui divise. Ambitieux dans sa volonté de représenter le subconscient labyrinthique d’une jeune fille internée dans un étrange hôpital, le film, esthétiquement soigné, s’emmêle malheureusement les pieds dans son approche baroque et surréaliste. Au petit jeu de la perte de repères, du brouillage entre réalité et illusion, la réalisatrice (venue tout droit de Los Angeles présenter son film au public du PIFFF, merci à elle) va loin, probablement trop loin, et perd le spectateur qui n’a plus aucune accroche avec les personnages et les événements, et s’embourbe dans un pensum finalement assez vain. C’est un grand non pour nous.
Mention passable
Entre deux, une zone toute douce et sans grande aspérité, où navigue le mexicain HUESERA de Michelle Garza Cervera, présenté en compétition. Enième description d’une jeune femme (très convaincante Natalia Solián) en totale perte de repères alors qu’elle attend un enfant, avec hallucinations horrifiques et scènes conjugales tendues. Le film a de réelles qualités formelles et d’interprétation, et une vraie envie de bien faire, mais le sentiment de déjà-vu joue contre lui.


Un mot également sur les morceaux de péloche en mode défouloir qui sont arrivés jusqu’à nos yeux ébahis. A commencer par THE PRICE WE PAY de Ryûhei Kitamura, le trublion japonais reste une valeur sûre alors que ses films tournés aux USA sont de plus en plus fauchés et anonymes. On suit ici une bande de braqueurs pieds nickelés en fuite, interprétés par les inoxydables Stephen Dorff et Emile Hirsch (également producteurs), qui se retrouvent à devoir lutter pour leur survie chez une famille de tarés congénitaux, lointains cousins de Leatherface et compagnie. Après le très bon DOWNRANGE, Kitamura continue de faire preuve d’efficacité et de générosité dans l’action et le gore. C’est malheureusement un peu raz-des-pâquerettes sur les bords, mais ça contient suffisamment d’arguments pour un plaisir simple et direct. Et le public semble avoir suivi.
C’est un peu le même topo pour le Belge H4Z4RD du sympathique Jonas Govaerts, sorte d’AFTER HOURS à Anvers, en mode tuning et Eurodance, qui force le trait sur la comédie et pousse les potards à fond dans l’action. C’est malpoli et parfois vulgaire, mais au demeurant assez sympathique (et plutôt anecdotique au final).
-Nous reviendrons plus en détails sur les films précités-
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